Datation
d'un
instrument
Parfois la datation des anciens instruments
médicaux et chirurgicaux n'est pas facile ; on doit chercher de l'aide
dans les anciens textes médicaux, dans les vieux catalogues
d'instrumentation chirurgicale, dans les publications de l'Internet, et
enfin... dans l'intuition.
Les critères que
j'ai suivi sont:
1)
L’utilisation de l’instrument
En dehors de ceux d’usage général, les anciens
outils pouvaient avoir une fonction et une utilisation spécifique; cela
peut parfois permettre de définir la période de leur utilisation.
2) Le nom,
la date de naissance et de décès de l'inventeur.
Les catalogues anciens et nombreux sites Web
peuvent être d'une grande aide. Il y a aussi des catalogues modernes
(Antique Medical Instruments,
Histoire Illustrée des Etains Médicaux,
etc.) qui nous permettent de découvrir qui
a inventé
l'instrument.
Cependant, la date de naissance et de décès de l’inventeur ne sont pas
totalement fiables parce que certains instruments ont été fabriqués et
utilisés longtemps après la disparition de celui qui les a projetés.
3) Le nom
du fabricant, le lieu de production et le numéro du brevet
Souvent sur les instruments métalliques on peut trouver imprimé
le nom du fabricant, le numéro et la date du
brevet.
4)
Les matériaux utilisés pour construire
l'instrument
Le
classement des matériaux est très utile pour
déterminer la date.
Si l’on considère que l'asepsie s'est propagée
(inégalement) seulement après la moitié de 1800, tous les instruments
chirurgicaux avec des parties en os, en ivoire, en bois ou en caoutchouc
dur ont été fabriqués avant cette date parce qu'ils ne pouvaient pas
être stérilisés à la chaleur peine leur destruction; par exemple toutes
les seringues de Pravaz avec pistons de cuir ou moelle végétale datent
de 1850-60.
L’étain,
métal facile à travailler, a été largement utilisé depuis 1500
principalement pour la construction des seringues et des irrigateurs et
il
a
été utilisé jusqu'au
début des années 1900 (voir Eguisier).
Métaux précieux: les outils en or,
platine ou argent ont été utilisés avant l'asepsie car on pensait
que ces métaux pouvaient prévenir les infections chirurgicales; selon
les croyances du temps elles étaient causées par la dégradation et
l'oxydation des métaux non nobles.
Le maillechort est un alliage composé de
cuivre, de nickel et de zinc, développé par deux chercheurs français
Maillot et Chorier vers 1820; il a été utilisé pendant une longue
période pour les instruments médicaux voir les spéculums, les spatules
et les sondes; il est assez semblable à l'argent et il est peu oxydable.
Tous les instruments de fer brut, non
plaqué, ont été
construits
certainement avant 1840.
Charrière, fabricant français d'instruments
chirurgicaux a commencé à plaquer ses instruments avec l'or, l'argent
ou le platine vers 1840; le nickelage
a été introduit en 1870, le chromage plus tard, vers 1910 -1915.
Depuis 1895 différents types d'acier ont
été utilisés pour les instruments chirurgicaux, l'acier inoxydable
a été utilisé autour de 1920.
L’aluminium
au début de 1900, avant sa large diffusion par extraction
électrolytique était un métal précieux et les outils d’aluminium, les
stéthoscopes Pinard par exemple, étaient très coûteux.
Ivoire, bois, caoutchouc et matériaux divers.
L'ivoire et l'os ont été utilisés
principalement pour embellir les poignées des instruments chirurgicaux
plus raffinés ; parfois ces instruments étaient de véritables
chefs-d'œuvre; ils sont
très rares aujourd'hui, ils datent généralement de 1700 jusqu'au début
de 1800 ; le bois en particulier
l'ébène,
à été utilisé dans le même but mais sur des
instruments plus pauvres jusqu'au début de l'asepsie.
Le caoutchouc durci par vulcanisation a
également été utilisé principalement pour construire les manches
d'outils ; il a connu un succès considérable autour de 1830-40 et son
utilisation a continué dans les années suivantes
jusqu'au
début
de
1900.
Le caoutchouc élastique a été utilisé pour
la construction de sondes, de poires, de tétines à partir de la seconde
moitié du XIXe siècle.
La
celluloïd inventée
en 1872 par John Wesley Hyatt a vu son apogée vers 1885-1890.
La gutta-percha a été introduite vers 1850
et son utilisation s'est prolongée jusqu'au début de 1900.
La
bakélite,
synthétisée par Leo Baekeland en 1907, a servi à la construction de
boîtes et d’instruments à partir de 1920 jusqu'en
1950.
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